L’épectase, le président, le cardinal et la demi-mondaine. Première partie
Nous sommes le 16 février 1899, à Paris, Félix Faure est président de la troisième République, depuis un peu plus de quatre ans. C’est l’hiver et au palais de l’Elysée, il reçoit sa maîtresse, Marguerite Steinheil.
Elle est beaucoup plus jeune que lui et le président – normal – veut lui faire plaisir ; pour cela, il avale une dragée à base de phosphure de zinc (le viagra de l‘époque) et se lance à l’assaut de la belle épousée. Il mourra dans ses bras d’un arrêt cardiaque pendant leurs ébats et il n’en faudra pas plus pour que les journaux de l’époque titrent « Le président Félix Faure est mort en épectase. ».
Epectase… il est un peu bizarre ce mot non ? Du grec ancien, Epektasis, il signifie « l’allongement, l’extension » et chez les Chrétiens le progrès de l’homme vers Dieu. Comme une façon de se rapprocher du divin à travers le progrès humain.
Ça…c’est la grande classe…Mais voilà, c’était bien trop délicat, cette définition de l’honnête homme, de l’évolution, des lumières, du divin…trop subtil tout ça…et Epektasis se prend alors un virage sémantique violent en 1974 quand le cardinal français Jean Daniélou meurt d’une crise cardiaque chez une prostituée. Aïe…aïe…aïe...ça pique… …cardinal…péripatéticienne…moyen, moyen, moyen.
Pour justifier de ce malentendu malencontreux, il sera écrit que le cardinal s’occupait des malades et des prostituées, mais il sera aussi écrit qu’il est mort en épectase…probablement sa façon à lui de se rapprocher de Dieu par un certain progrès.
Alors cardinal ou président, prenez garde à éviter les dragées ou les actes de grande charité car vous pourriez finir en épectase. Néanmoins, à tout bien choisir, monsieur le Président, mourir en épectase est toujours mieux qu’étouffer par de la ouate.
Etouffé par de la ouate ? Duchesse…quelle drôle d’idée. Et bien pas tant que ça figurez-vous, puisque Marguerite Steinheil, celle-là même qui accueillait de ses bras notre bon Félix, assassinat ainsi son mari et sa mère quelques années après. Quoi ? La demi-mondaine maîtresse du Président qui tue sa mère et son mari ? Hmmm…oui…oui…oui…mais ça…je vous le garde pour la semaine prochaine !!