La dyslexie médiévale ou comment rendre sa malice à la Palice
Jacques II de Chabannes de La Palice, seigneur de la Palice, maréchal de France sous François 1er. Maréchal tout de même, car ceux qui ont bonne mémoire se souviendront que le maréchal est un général ayant commandé une armée victorieuse en temps de guerre.
Jacques de son petit nom donc, commence à la cour du roi Charles VIII comme simple page, devient écuyer, chambellan, conseiller du roi sous Louis XII puis grand maître de France, gouverneur de Milan sous François 1er qui le fera maréchal de France, Grande veneur de France et Gouverneur de Lyon.
Ayant servi sous trois rois, La Palice est considéré comme l’un des plus grands capitaines de son temps. Mais alors, à quel moment dans l’histoire de Jacques il passe de grand chef de guerre, valeureux seigneur d’armes à Marignan…1515…tout de même et grand homme de la cour ; à incarnation d’une expression ingénue, d’une réflexion niaise ou ridicule tant elle est évidente. Pas cool.
Flashback. Nous sommes en 1525, le 24 février exactement et avec son roi François, Jacques guerroie une fois de plus devant Pavie contre les Italiens, c’est la défaite, le roi est fait prisonnier et Jacques tué d’un coup d’arquebuse à bout portant.
C’est la catastrophe, ses hommes le pleurent et pour se consoler, chantent à la gloire de leur chef. « Hélas ! La Palice est mort, il est mort devant Pavie, Hélas s’il n’était pas mort, il ferait encore envie… ». Sa veuve, reprend alors ce chant et pi taf l’épitaphe, « Ci-gît le Seigneur de la Palice, s’il n’était pas mort, il ferait encore envie ». Jusqu’ici tout va bien.
Sauf que…l’ordonnance de Villers-Cotterêts, celle-là même qui mettra tout le monde d’accord sur l’usage de l’ancien françois n’est pas encore passée et que le « s » se frotte dangereusement au « f », physiquement et phonétiquement. #dyslexiemédiévale.
C’est ainsi que « ferait encore » devint « serait encore » et là, ben c’est sûr, c’est moins glorieux « S’il n’était pas mort, il serait encore en vie ». Ce truisme malencontreux fit passer Jacques dans la postérité, mais pas du bon côté.
La morale : un bon orthophoniste vaut mieux que toute une vie à faire la guerre.