Rose
C’est parti de ce ciel, rose, un soir sur la mer, comme si le feu avait commencé à brûler les collines de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
Ce rose incendiaire, presque indécent, comme s’il n’avait même pas besoin du soleil pour vivre. Ce rose qui se prélasse dans des draps de satin et qui regarde son teint poudré.
Ce même rose, passionné de gastronomie qui se délecte à la fois de saumon, comme tout autant que de rose bisque, de coquille d’œuf, ou de pêche. Car toi seul sait à la fois inspirer la cuisine tout autant que la pâtisserie quand rose tu appelles la framboise, la cerise, la dragée et bien évidemment, ton préféré, le bonbon.
Tu sais être aussi vieux que nacarat aux temps où Hollywood rêvait en rose shocking et où Lord Moutbatten t’utilisais pour camoufler les navires de la Royal Navy. Tu es si présent dans la nature que les plus belles fleurs portent ton nom, comme l’héliotrope, la mauve ou le fuschia.
Tu sais être vif et piqué au cœur, jouant les palettes de l’incarnat quand tu provoques l’incarnadin. Tu passes du rose balais au rose thé, t’en allant parfois jusqu’au persan. Mais ton talent, rose, réside surtout dans ta palette liée à la chair, qui inspire le magenta, fait flamboyer le pourpre et finit dans la cuisse de nymphe.
Pas une couleur ne respire autant que toi les ciels d’été, toi seul te marie au soleil comme tu sais si bien le faire, tu es lié à juillet, aux incandescences des jours qui font l’amour aux nuits, tu es féminin et doux, tu entoures les bébés autant que les grands-mères, tu portes la nativité et la vie, tu es rose, fleur et couleur.