Avril et les fils
Qu’elle est jolie la sonorité d’avril, les ils qui se faufilent et qui accompagnent de presqu’îles en îles jusqu’à oublier qu’il ne faut pas se découvrir d’un fil. Depuis qu’avril est là, entre mars l’agile et mai le gracile, sonne le temps du baise-en-ville pour se tirer à Delta-Ville.
C’est maintenant qu’il est habile de se sentir un peu futile, de devenir mercantile et de tirer dans le mille ; de regarder son nombril, qui ressemble à un pistil, car du centre de la pile il n’y a que lui qui obnubile.
Avec avril c’est utile, de penser enfin à son style, de revoir son profil, que l’on soit fragile ou haltérophile. N’ayez plus peur d’être puéril car rien ne vous arrive à la cheville et cette compile de coupe-fils ne peut que vous rendre plus tactile.
Mangez des crocodiles, portez des Damart thermolactyl, colorez vos textiles en écoutant vos vieux vinyles, aiguisez vos ustensiles vous n’en deviendrez que plus virils. Avec avril la longue liste des rimes volatiles s’étend d’acétyle jusqu’à zoophile ; cette sonorité offre l’opportunité de laisser glisser les derniers fils avant l’arrivée du mois de mai.
Poissons et autres Pâques ponctueront ce mois souvent traître, où les espoirs de jupes courtes sont entrecoupés de retour de manteaux longs. Mois de poème et rimes agiles, célébrant Ovide qui dédiait ce quatrième mois de l’année à l’honneur de Vénus. « Tu sais, Vénus, que le poète et le mois sont à toi ».
Avec douceur et peut-être nostalgie, prenons un moment pour repenser qu’il fut un temps où avril laissait le ton et la liberté de parler en direct et pour de vrai, à Vénus et aux divinités.