La Riviera par Orient Express

Face à face entre l'artisan et son produit...

Depuis le début des années 2010, la SNCF veille à faire revivre cette légende ferroviaire. À commencer par la restauration du Pullman Orient-Express et de son wagon « Riviera », azuréen à plus d’un titre… Récit.


Photo : Lola Hakimian

Des tapis signés René Prou ou Suzanne Lalique, des marqueteries aux magnifiques motifs floraux, des porte-manteaux et autres éléments d’accastillage rutilants… De 1883 à 1977, rejoindre Constantinople depuis Paris en Orient- Express ne pouvait laisser indifférent. Patrick Ropert l’a bien compris. En 2010, l’ancien directeur de la communication de la SNCF pressent tout l’attrait du train star. Quatre ans plus tard, le grand public lui donne raison.

L’exposition « Il était une fois l’Orient-Express » réunit en 5 mois, à l’Institut du Monde Arabe, plus 250 000 visiteurs ! Un succès majeur. « Dès 2015, décision est donc prise de créer une filiale dédiée, consacrée notamment à la restauration du patri­moine de la célèbre ligne ferroviaire », explique Arthur Mettetal, son responsable patrimoine & culture. À l’époque, la SNCF compte une rame historique : l’ex-Pullman Orient-Express, créé à la fin des années 1990, sur la base de 7 voitures datant de 1924 à 1929, dont 4 classées. Des bijoux d’Art déco et d’Art nouveau. Parmi elles, le wagon n°2979, plus connu sous le nom de… Riviera. Sorti des ateliers en 1925, il participe à la révolution du ferroviaire. « À l’orée du xxe siècle, les voitures­restaurants permettent de se passer des arrêts­buffets en gare : des trajets plus longs sont parcourus en moins de temps. » Mieux, le « Riviera » sait faire plus court encore : sa typologie l’autorise çà et là à entrer dans la composition du… Train Bleu, reliant de nuit Calais à Nice via Paris. Autant dire qu’il en a vu du pays, tout comme l’ensemble de la rame à laquelle il appartient désormais.

En 2015, commence alors pour lui et ses 6 compagnons de rail une longue restauration. « Elle est confiée à ACC, à Clermont­Ferrand, qui jouit alentour de tout un écosystème d’artisans d’art d’exception. » Philippe Allemand est de ceux-là. Depuis 1985, il dirige l’atelier éponyme, labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant. Pendant des mois, 7 ébénistes et apprentis œuvrent à la dépose complète des pièces de bois – plus de 2000 par voiture ! –, à leur restauration, voire à leur recréation à l’identique, ainsi qu’à leur finition au vernis brillant, à raison de 16 voiles parfois ! Et que dire de la minutie des décors.

Ceux du Riviera sont constitués d’un frisage en ronce d’acajou, cerné d’un filet composé de bois de rose et d’ébène… Les difficultés ne manquent pas, en particulier, à l’heure de récolter toute information utile au chantier en cours. Comment ? « En se plongeant dans les 200 mètres linéaires d’archives de l’Orient Express… » Fin 2018, le résultat est là. Une rame complète, d’un luxe impressionnant. De quoi donner du baume au cœur aux équipes. Un 2nd train de 13 voitures cette fois, vestige du Nostalgie- Istanbul-Orient-Express, fait aujourd’hui l’objet de diverses études en vue d’une rénovation complète. Un projet ambitieux, puisqu’il pourrait être question d’intégrer tout le confort moderne pour demain offrir une expérience Orient Express inédite.