Barigoule et les goules

Je travaillais une carte avec un chef la dernière fois et nous inscrivions « Artichauts à la Barigoule » ; plat bien connu des provençaux.

Cette recette, qui est sans doute la façon la plus renommée de manger ce légume printanier, est un hommage aux champignons car « Berigoulo » est, en provençal, le terme générique qui désigne les champignons du genre de l’agaric, comme les pinins, champignons qui poussent sous les pins.

Ainsi, l’artichaut à la barigoule veut simplement et historiquement dire que les artichauts sont cuits comme les champignons, à savoir qu’on leur coupe la queue et qu’on les ouvre, sel, poivre, ail, oignon, huile d’olive et hop, à la poêle. Alors si la barigoule est une ode aux champignons, elle me fait aussi penser aux goules.

Et sans transition, je vous emmène de la Provence à l’Afrique du Nord où les djinns – euh…pas les Levis hein – les djinns d-j-i-n-n-s sont des créatures surnaturelles issues de la mythologie arabique préislamique. Les djinns rassemblent plein de sales bêtes donc, dont les goules font partie.

Les goules, créatures, souvent féminines, visées dans les contes des Milles et une nuits qui changent de formes et peuvent aussi prendre l’apparence d’une hyène bien qu’elles soient toujours reconnaissables à leurs pieds fourchus.

Les goules qui hantent les déserts sous les traits d’une jeune femme, appelant les voyageurs pour les dévorer ; genre tu t’es pris pour une sirène de l’Odyssée cachée sous le sable.

Les goules enfin qui affectionnent les cimetières où elles déterrent les corps des cadavres pour les dévorer.

Alors ; de la moisissure des champignons de la barigoule à celle des corps putréfiés dévorés par les goules, il n’y avait finalement qu’une petite centaine de pas à franchir, que j’ai décidé cette semaine, de sauter en écoutant Barry...White.