Erasme ou la civilité puérile

Érasme, philosophe protestant hollandais né en 1466 et mort en 1536 est une des figures majeures de la culture néerlandaise et occidentale.
Érasme fut évidemment philosophe, chanoine et, à ses heures perdues de doctorant à la Sorbonne, précepteur.

C’est ainsi qu’en 1530, à la fin de sa vie donc, il devient le précepteur du jeune prince de Veere, Henri de Bourgogne, à destination duquel il écrit le « savoir-vivre à l’usage des enfants », connu aussi sous le nom de la « civilité puérile ».
Ce traité, du XVIe siècle donc, fait beaucoup sourire pour les principes qu’il dispense, mais aussi force l’admiration pour la justesse de ses propos éternels.

Ainsi, je partage avec vous quelques grandes lignées d’éducation que vous n’oublierez pas de partager avec vos descendants.
« Tremper dans la sauce le pain qu’on a mordu est grossier ; de même, il est malpropre de ramener du fond de la gorge des aliments à demi mâchés et les remettre sur son assiette. S’il arrive qu’on ait dans la bouche un morceau que l’on ne puisse avaler, on se tourne adroitement et on le rejette. »

Autre principe, « S’il reste quelque chose entre les dents, il ne faut pas l’enlever avec la pointe d’un couteau, ni avec les ongles comme le font les chiens et les chats, ni à l’aide d’une serviette ; sers-toi […] d’une plume ou de ces petits os que l’on retire de la patte des coqs. » ou enfin « Lécher ses doigts gras ou les essuyer sur ses habits est également inconvenant ; il vaut mieux se servir de la nappe ou de sa serviette. »

Érasme parle ainsi de tout cela, ces « bonnes manières » de l’époque mais aussi il préconise de favoriser les rapports humains dont il explique qu’ils rendent la vie moins dangereuse, moins heurtée, plus agréable et même plus facile. Favoriser les rapports humains doit donc être infusé dans l’âme des enfants dès leur âge le plus tendre, afin qu’ils soient conduits naturellement à cette délicatesse, à cette "propreté", qui, une fois oubliées les formules, laissent à jamais gravées dans les cœurs l'habitude et l'exigence de la bienveillance.

Que c’est joli n’est-ce pas ; une toute autre façon d’exprimer le « respect » derrière lequel toute une génération se cache sans vraiment y mettre de fond.

Je vote donc pour un rétablissement du traité de civilité puérile d’Érasme, qui pourra peut-être nous aider à sortir du marasme…