Flos, ou la meilleure partie de quelque chose
Quand je me suis mariée en septembre, j’avais envie d’avoir des pivoines blanches, et j’ai appris, que septembre n’était pas la saison des pivoines.
Alors que je m’y connais un peu dans les saisons des fruits et légumes, des fromages aussi, je me suis rendu compte que j’étais une quiche niçoise, pas lorraine, dans la saisonnalité des fleurs. Car ces productions délicates, souvent odorantes, ces plantes à graines qui portent les organes reproducteurs sont bien plus riches qu’il n’y parait et nous offrent un champ d’expression des possibles bien plus romantique et complexe que le seul amour véritable associé à la rose rouge.
Je me suis donc prise au jeu de vous proposer une petite fable légère, une façon libre de composer un conte floral qui se délie au grès des pétales.
Voilà donc l’histoire de Chèvrefeuille, fidèle et loyal, qui voit s’épanouir son amour naissant l’églantine, pour Camélia, dont la beauté idéale n’a pas son pareil. Il se pare alors de désir torride et de ferveur, avec fuchsia, et rêve, en pavot, de pouvoir porter bonheur en trèfle à sa bien aimée la fleur.
Le beau Camélia, n’en n’a que faire, et se met en colère avec pétunia, exprimant ainsi sa cruauté d’ortie, et son égoïsme de narcisse. Plongé dans le dédain, le mépris et souffrant le martyr de gentiane, il présente un jonc en signe d’acceptation et de soumission. Chèvrefeuille ne deviendra pas l’âme mélancolique de jonquille et s’exprime alors en citant Saint-François de Salle, « Rien par la force, tout par amour ».
Face à cette constance dans son amour de giroflée, Camélia demande pardon, orné de ses tulipes blanches, et obtient réparation grâce à la salsepareille. Laissant derrière eux l’instabilité du pois de senteur, Camélia et Chèvrefeuille fêtent alors les iris pour annoncer la bonne nouvelle d’un futur événement festif : leur mariage prochain incarné par l’hellébore blanche. Couverts enfin d’olivier et de sa sagesse pacifique, Camélia et Chèvrefeuille s’allongent alors dans les roses roses et leurs promesses de bonheur et de tendresse.
Vous aussi, apprentis jardiniers, apprenez les fleurs et contez sans compter, les merveilles d’odeurs pour faire honneur à l’élu de votre cœur.