Gratia et gratius
Qui a fait du latin à l’école ? Qui se rappelle des déclinaisons et du terra, dominus et de leurs copains ablatif et accusatif. Gratia et gratus bien sûr. Gratia, la faveur et Gratus l’agréable.
Deux mots, doubles sens et séquences successives qui me servent aujourd’hui d’introduction pour vous parler de la gratitude. La gratitude, mot presque galvaudé, la gratitude et tous ces petits carnets qu’on nous propose de remplir pour dire merci.
La gratitude définie par mon Robert comme la reconnaissance pour un service ou un bienfait reçu ; le sentiment affectueux développé envers un bienfaiteur. Ce qui m’intéresse ici c’est l’accent qui est mis à la fois sur le don d’une part et sur l’émotion positive qu’il engendre, d’autre part ; la gratitude devient alors une réponse émotionnelle éprouvée envers une autre personne. Car tout est là.
Chaque jour qui passe, nous sommes acteurs de nos vies, nous seuls avons le pouvoir de décider d’être heureux, d’apprendre des épreuves qui sont venues ponctuer nos années et de se lever chaque matin avec foi et courage. Grandir c’est comprendre donc que nous sommes responsables de notre propre bonheur.
A comprendre cela on finirait par en oublier les autres et la reconnaissance du fait que parfois, la source se trouve – au moins en partie – en dehors de nous-mêmes. Il nous faudra donc s’avoir être heureux pour ce que nous sommes et savoir être reconnaissants pour tout ce que nous ne sommes pas.
Cultiver la gratitude nécessite donc de reconnaître – dans sa dimension intellectuelle – et d’apprécier – dans sa dimension émotionnelle – que le bonheur parfois a intentionnellement été procuré par autrui.
Ce qui me plait dans toute cette histoire c’est l’acceptation de notre interdépendance d’être humains, notre responsabilité finalement partagée et notre capacité à être heureux tout en rendant heureux.
Alors gratifiez bonnes gens, gratifiez et dites merci, dans un carnet ou dans la vie, car gratia la faveur et gratus l’agréable sont à coup sûr, à l’image de leur origine latine, déclinables au nominatif, mais aussi à l’infini.