L’épectase, le président, le cardinal et la demi-mondaine. Deuxième partie
Je vous parlais la semaine dernière de Marguerite Steinheil, demi-mondaine et salonnière française, dans les bras de laquelle mourut Félix Faure notre président, au cœur de ses draps lors de leurs ébats en 1899.
Histoire déjà rocambolesque pour le moins, mais loin s’en faut, car Marguerite, elle, de toutes les manières, c’est la ouate qu’elle préfère. La ouate ? Hmmm.
Au petit matin du 31 mai 1908 rue Ronsin, à Paris, le domestique Rémi Couillard, le bien nommé, découvre à l’étage de la maison familiale un double assassinat. Le peintre Adolphe Steinheil, mari de Marguerite, et sa belle-mère, Madame Japy, sont allongés morts, étranglé pour l’un, étouffée par de la ouate dans la bouche pour l’autre.
Marguerite elle, surnommée depuis son épectase présidentielle, la pompe funèbre, est retrouvée ligotée - mollement - et bâillonnée - doucement - dans une pièce à côté. Marguerite expliquera à la police qu’elle a été agressée par un groupe d’individus qui voulaient voler des documents relatifs à l’affaire Dreyfus.
Ses versions se mélangent, elle accuse d’autres personnes, puis s’auto-accuse, se rétracte avant d’être finalement arrêtée et incarcérée. Mais voilà, Marguerite est belle, intelligente et particulièrement fine, elle tient salon depuis des années et rêve en cachette d’épouser son dernier amant. Son mari, peintre fade et insipide, entraverait ses projets de convoler.
Elle aurait alors prévu de tuer ce dernier avec l’aide d’un complice et la mort de sa mère serait accidentelle. Mme Japy aurait assisté par un mauvais hasard à l’assassinat et serait morte d’un arrêt cardiaque. On aurait alors maquillé sa mort en étouffement, avec de la ouate.
Après une année en prison, le procès se tient, de nombreuses zones d’ombres bénéficient à Marguerite dont le charme agit encore et à la suite d’une plaidoirie de plus de sept heures de son avocat, elle sera acquittée, totalement blanchie. La pompe funèbre part alors vivre à Londres, où elle écrit ses mémoires, se marie avec un riche Baron, devient Lady Abinger et meurt tranquillement en 1954 dans une maison de repos.
Et vous savez quoi ? Il parait que la demi-mondaine, pompe funèbre, salonnière, meurtrière et lady serait morte en épectase. What a life !!!