Le postiche de l’acrostiche

Le postiche, nom masculin, que l’on porte pour remplacer artificiellement quelque chose de naturel, est aussi connu comme une mèche que l’on adapte à volonté à sa coiffure…une moumoute quoi.

Au XVIIème siècle, le postiche est défini comme « s’appliquant sur quelque chose sans qu’il y paroisse » … c'est merveilleux, car par extension ce postiche vient parfaitement illustrer l’acrostiche qui aujourd’hui m’intéresse…

L’acrostiche qui vient du grec akrostikhos composé, d’akros (qui veut dire haut, élevé) et de stikhos (les vers) ; l’acrostiche donc est un poème, dont les initiales des vers, lues verticalement, composent un mot.

Ainsi, quand vous voyez votre texte, les premières lettres, lues verticalement, font apparaître autre chose sans qu’il y paroisse…un message codé. Ce jeu littéraire maintes fois utilisés par les grands auteurs offre toujours une joyeuse découverte, parfois métaphorique, parfois plus explicite.

Métaphorique comme dans le cas du très connu poème de Rimbaud « Le dormeur du val » où la dernière strophe dit «Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. » Les…Il…Tranquille…LIT…et voilà que le lit du dormeur se dessine en acrostiche.

Merveilleux non ? Parfois métaphorique donc mais parfois plus explicite aussi, comme la correspondance bien connue d’Alfred de Musset à George Sand où sous couvert d’un poème doux et romantique, Alfred demande à sa belle Aurore « Quand voulez-vous que je couche avec vous » lui offrant ainsi la possibilité de répondre « Cette insigne faveur que votre cœur réclame, Nuit à ma renommée et répugne mon âme. » Cettenuit… moins poétique, évidemment, mais plus concret…pour le moins.

Alors prenez vos plumes et de votre plus belle écriture retrouvez le héros romantique qui se cache en vous afin de créer des acrostiches sur les listes des courses et que – sans qu’il n’y paroisse – vous déclariez la flame qui brûle au bout de cette mèche.