Tous ces petits riens qui font presque un tout

Il y en a des merveilles dans la langue française et j’aime chaque semaine passer avec vous en revue quelques trésors qui font son immense richesse.

Il y a les jeux de mots bien sûr, mais aussi les belles histoires et les bonnes formules. Il y a tout cela mais il y a aussi ces petits riens, uniques, un peu perdus, presque isolés dont on pourrait parfois croire qu’ils sont inutiles, et pourtant qui font presque tout.

Je pense ainsi à cette petite touche sur notre clavier, celle du ù avec accent qui ne nous sert qu’à écrire « où » qui est finalement le seul mot de la langue française où le u le prend…l’accent.

Je pense à cette phrase – qui ne veut rien dire et que j’ai inventée pour l’exercice – « Quatorze ou quinze pauvres larves goinfres, simples triomphes des meurtres des monstres belges », composée des dix mots de la langue française qui ne riment avec rien… vous imaginez vous ? Ne rimez avec rien ? Quelle solitude…car on ne le dira jamais assez, rimer avec quelque chose c’est un peu comme avoir un ami, rebondir sur un mur ou trouver sa moitié.

Je pense aussi à « oiseaux » dont on ne prononce aucune des lettres qui le composent o.i.s.e.a.u.x et qui comprend néanmoins toutes les voyelles de la langue française.

Une pensée aussi pour « squelette » comme seul mot masculin qui finit en « ette », un problème avec fillette et dinette ? Je pense enfin à « délice », « amour » et « orgue » trois jolis mots masculins, qui deviennent féminin au pluriel…un peu comme les premiers transgenres de la langue française, mais pour amour et délice, n’est-ce pas bien tombé ?