VOD kills the video club

Comme la semaine dernière j’ai évoqué la gale du vidéo club, je me suis dit, je dois impérativement parler du vidéo club. J’ai testé sur mes fils et j’ai eu le même effet qu’avec Yannick Noah, le joueur de tennis ? Non, le chanteur…

Alors parce que j’ai la chance d’avoir vécu deux vies en une, je suis heureuse de partager avec la nouvelle génération ce qu’est un vidéo club et encore plus de me remémorer avec l’ancienne « no offense », les us et coutumes de ces lieux de vie.

D’abord, un vidéo club, c’était un quartier, je me souviens, j’allais toujours en scooter à l’immense vidéo club boulevard Saint-Germain à Paris, celui qui faisait l’angle avec la rue Monge ; c’était un lieu de vie, ouvert tard le soir, où l’on se retrouvait et où l’on connaissait tout le temps le gars du vidéo club, celui qui justement m’avait annoncé un soir qu’il avait la gale.

Parfois on savait ce qu’on voulait et on allait droit au but, on demandait directement le titre du film, parfois, et c’était souvent le cas, on déambulait pendant un temps, qui pouvait devenir réel et certain, dans les rayons du vidéo club. Les films étaient rangés par catégories, dans des rayons immenses, c’était génial, cette vision panoramique, les jaquettes qu’on prenait pour lire derrière le résumé, parfois les commentaires des loueurs justement, sur un film ou un autre.

Et puis, une fois choisit, on louait le film, on le louait pour 24h ou 48h, il fallait le regarder, c’était ainsi, le regarder d’une traite, parce qu’après il fallait le rendre. Cette phrase qui a totalement disparu de nos conversations aujourd’hui existait vraiment pourtant « Faut que je passe rendre la cassette au vidéo club ». Je n’étais pas seule à aller au vidéo club, en France, dans les années 90, c’était plus de 25 millions de films qui étaient loués par an.

Et puis, les vidéos à la demande, le streaming bien sûr et la vie ont vu les vidéos clubs perdent plus de 20% par an de chiffre d’affaires ; à ce rythme-là, ça va vite. Sur les 5000 vidéos clubs qui existaient en France dans les années 90, on en compte aujourd’hui une petite dizaine répartis dans tout le pays, c’est sûr que ce n’est plus le même lieu de rendez-vous que celui de mon adolescence.

Mieux ? Moins bien ? Je ne fais pas partie des partisans du c’était mieux avant, car je pense que le mieux c’est toujours maintenant. Alors c’est vrai, j’aimais y aller, choisir, attendre, regarder, repartir, le rendre, j’aimais ce rituel, mais j’aime aussi lancer l’écran géant du salon ; autre style.

Merci donc vidéo club de nous avoir offert ces délicieuses soirées, et merci aussi de nous offrir aujourd’hui la joie de raconter à nos enfants ce que tu étais.