Moi, kaolin
Milouin invite le nouveau protagoniste de votre rubrique « Moi, produit ». Un texte ludique dans lequel un produit ou une matière vivante se raconte à la première personne sous un ton impertinent, drôle et poétique. Moi, produit.
Je n'ai l'air de rien comme ça, mais grâce à la main de l'Homme je deviens une matière première haut de gamme. Argile blanche, assez friable, je dois mon nom au lieu de ma trouvaille, dans les "collines hautes" d'une petite ville chinoise. Et c'est là-bas qu'on a fait de moi, pour la première fois, le matériau de base de fabrication de la non moins connue porcelaine chinoise.
Grâce à de nombreux procédés, moi seul, soutenu par le savoir-faire de l'artisan, peux lui donner cet aspect transparent et fragile qui, paradoxalement, ne s'obtient que par ma cuisson à 1200 degrés. La Chine fut longtemps la numéro un avec son patrimoine kaolin, mais on me trouve désormais de partout. Et la vaisselle française n'a clairement plus rien à envier à sa cousine lointaine... La porcelaine de Limoges est tout aussi raffinée et élégante.
Même si ma poudre blanche s'utilise en médecine, en cosmétique, ou encore dans l'industrie du papier, c'est principalement pour la conception de vaisselle de luxe que je fonds le plus.
La gastronomie française le mérite amplement car un grand plat nécessite un support d'excellence. Et ça, les maisons de porcelaine l'ont bien compris : la technique et le tour de main des artisans de ces institutions font de moi un, si ce n'est le composant indispensable à la création d'une porcelaine pure d'une blancheur immaculée, presque intouchable.
Accessoires de décoration pour grands hôtels ou vaisselles de grands restaurants, je ne sais que mettre en valeur. Sans chercher à vous jeter de la poudre aux yeux, c'est en toute simplicité que je fais le bonheur des amoureux de l'art de la table.
Texte : Sonia Ben Abdeslem
Illustration : Pascal Drai